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Ce qu’il faut savoir sur « le prix de l’inaction » dans l’éducation

Droit humain fondamental pour tous, l’éducation est cruciale pour le développement et le bien-être des individus, mais aussi pour la justice sociale et la réduction de la pauvreté dans les sociétés. Le prix du non-respect de ce droit est extrêmement élevé.
L’UNESCO, l’OCDE et le Secrétariat du Commonwealth ont élaboré conjointement le premier rapport mondial qui montre les coûts monétaires que représente pour les économies du monde entier le fait de ne pas éduquer les enfants et les jeunes.
price of inaction in education

Ce nouveau rapport, Le prix de l’inaction : les coûts privés, fiscaux et sociaux à l’échelle mondiale des enfants et des jeunes qui n’apprennent pas (résumé) met en avant les importantes difficultés liées au fait d’offrir une éducation de qualité, équitable et inclusive, et d’atteindre l’égalité des genres à travers le monde. Voici ce qu’il faut savoir à ce sujet. 

Quelles sont les principales difficultés en matière d’éducation au niveau mondial que met en avant le nouveau rapport ?

Malgré les efforts déployés par les pays et les progrès accomplis, 128 millions de garçons et 122 millions de filles ne sont toujours pas scolarisés. Même dans les pays à revenu élevé, un quart des enfants ont des compétences de base insuffisantes. Les déficits de compétences concernent 94 % des enfants en Afrique subsaharienne, 88 % en Asie du Sud et de l’Ouest, 74 % dans les États arabes et 64 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. 

Les filles ont plus de difficultés à accéder à l’éducation et sont plus susceptibles que les garçons de ne pas fréquenter l’école primaire. Dans le même temps, les garçons courent un risque accru de redoubler, de ne pas progresser dans leur scolarité et de ne pas terminer leurs études, et de ne pas apprendre lorsqu’ils sont à l’école. Veiller à ce que toutes les filles et tous les garçons aillent à l’école et apprennent exige d’investir davantage dans l’éducation et l’action transformatrice du point de vue du genre.

Quelles sont les principales observations du rapport ?

Le rapport révèle que d’ici 2030, les coûts privés, fiscaux et sociaux de l’abandon scolaire précoce et de l’incapacité des enfants à acquérir les compétences de base seront colossaux et représenteront des pertes équivalant à plusieurs milliers de milliards de dollars pour les économies du monde entier.

  • D’ici 2030, les coûts privés annuels des taux actuels d’abandon scolaire précoce et d’insuffisance des compétences de base des enfants s’élèveront respectivement à 6 300 milliards de dollars et à 9 200 milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit 11 % et 17 % du PIB mondial. L’estimation de ces coûts privés sur vingt ans donne des valeurs jusqu’à 20 fois plus élevées.
  • D’ici 2030, les coûts fiscaux annuels de l’abandon scolaire précoce et de l’insuffisance des compétences de base des enfants s’élèveront respectivement à 1 100 milliards de dollars et à 3 300 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
  • D’ici 2030, les coûts sociaux annuels (coûts privés et fiscaux, moins les coûts de l’augmentation des impôts) de l’abandon scolaire précoce atteindront 6 000 milliards de dollars. Ceux de l’insuffisance des compétences de base des enfants s’élèveront à 10 000 milliards de dollars, un chiffre supérieur au PIB de la France et du Japon réunis, à savoir 9 800 milliards de dollars en 2022.
  • Dans le sous-ensemble des pays pour lesquels des données sont disponibles, la perte de PIB due à l’insuffisance des compétences sociales et émotionnelles atteindra 7 400 milliards de dollars d’ici 2030.

D’après le rapport, quelles répercussions les faibles niveaux d’éducation ont-ils sur l’économie mondiale ?

De faibles niveaux d’instruction ont des répercussions économiques majeures. Le rapport estime à 10 000 milliards de dollars les coûts mondiaux de l’insuffisance des compétences de base des enfants. Cette estimation inclut des effets directs tels qu’un revenu et une productivité réduite, mais aussi des répercussions fiscales à échelle plus large, telles que des recettes fiscales plus faibles et des dépenses publiques plus importantes sur des questions sociales telles que la santé ou le maintien de l’ordre public.

L’éducation n’est pas seulement un droit humain fondamental, mais aussi un impératif économique stratégique qui peut entraîner une hausse importante du PIB et de la productivité nationale. Une réduction de 10 % des taux d’abandon scolaire précoce et d’insuffisance des compétences de base des enfants augmente la croissance annuelle du PIB de 1 à 2 points de pourcentage. Réduire le nombre d’abandons scolaires et le taux d’insuffisance des compétences de base d’un point de pourcentage représenterait respectivement une hausse mondiale du revenu du travail de 470 000 milliards de dollars et de plus de 650 000 milliards de dollars.

Quelles recommandations stratégiques le rapport formule-t-il pour améliorer les résultats de l’apprentissage partout dans le monde ?

Afin de lutter contre les problèmes pressants qu’il met en lumière, le rapport recommande plusieurs actions stratégiques, notamment :

  • Garantir une éducation gratuite et de qualité pour tous en supprimant les obstacles financiers.
  • Créer des environnements d’apprentissage transformateurs du point de vue du genre, inclusifs et favorisant l’autonomisation, qui remettent en cause les rapports de force inégaux, les préjugés et les stéréotypes de genre, notamment par des approches pédagogiques qui respectent la différence et promeuvent l’égalité.
  • Donner la priorité aux investissements dans l’enseignement préprimaire afin de créer un socle solide pour l’apprentissage tout au long de la vie.
  • Améliorer les infrastructures scolaires et renforcer la formation des enseignants afin d’améliorer la qualité de l’éducation offerte.

Quels sont les bénéfices attendus de la mise en œuvre des investissements dans l’éducation recommandés par le rapport ?

La mise en œuvre de ces investissements devrait avoir d’importants bénéfices économiques et sociaux. De meilleurs résultats d’apprentissage contribuent directement à la croissance économique en améliorant la productivité du travail et en augmentant les revenus potentiels pour les individus. De plus, une meilleure éducation améliore la stabilité des sociétés en entraînant une baisse de la criminalité et des grossesses précoces, créant ainsi un cercle vertueux de croissance et de développement. Le rapport souligne que les investissements stratégiques dans l’éducation ne sont pas seulement rentables, mais aussi cruciaux pour un développement mondial durable.

Ce nouveau rapport a été lancé à l’occasion du tout premier Bilan des actions transformatrices dans l’éducation, qui a eu lieu à Paris le 17 juin 2024.

Le prix de l’inaction : les coûts privés, fiscaux et sociaux à l’échelle mondiale des enfants et des jeunes qui n’apprennent pas
UNESCO
Organisation for Economic Co-operation and Development
Commonwealth Secretariat
2024

(en anglais)

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