Environnement
et développement dans les régions côtières et les petites îles |
Agenda pour les îles
6 Éducation
La
Journée mondiale des enseignants et des enseignantes a été inaugurée par l’UNESCO en 1994 pour commémorer la signature (le
5 octobre 1966) de la Recommandation
formulée par l’UNESCO et l’OIT sur le statut des enseignants. Cette
Journée rend hommage, partout dans le monde, aux apports du corps enseignant
à
l’éducation et au développement. Chaque année, l’UNESCO se joint à
l’organisation mondiale des enseignants, l’Internationale
de l’éducation, pour attirer l’attention du public sur le rôle crucial
des enseignants dans la société. Plus de 100 pays observent cette Journée, en affichant leurs intentions
et
leurs projets sur le site Web de l’Association mondiale des enseignants
(AME),
géré par l’Internationale des enseignants. En 2004, des manifestations
fêtant
cette Journée ont eu lieu dans plusieurs petits pays insulaires comme
Anguilla,
la Barbade, Cap-Vert, Chypre, la Dominique, la Papouasie Nouvelle-Guinée,
Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines et Samoa. Les activités ont
mobilisé les médias, des personnalités politiques et ont organisé des
manifestations spéciales telles que des émissions de télévision, des débats
et des concours publics de prise de parole, des colloques nationaux et
l’attribution de prix à certains enseignants. Parmi la publicité et la documentation affichées sur le site Web de l’AME, on remarquait la compilation de quelque 150 citations, adages et aphorismes (chacun en trois langues – anglais, français et espagnol), célébrant les enseignants et l’enseignement, l’apprentissage et l’éducation. |
Dilemme de
l’éducation
: constance des besoins, évolution des enjeux
« Nous
ne cessons d’accroître les capacités, mais elles ne suffisent jamais –
Pourquoi ? »
Cette remarque d’un délégué à la troisième
réunion préparatoire à la réunion de révision de Barbade+10 (Trinité
et Tobago, octobre 2003) résume bien les préoccupations des petites nations
insulaires en matière d’éducation. Au moment de réévaluer la situation de
l’éducation et le renforcement des capacités dans le contexte des petites
îles
il est impératif de prendre en compte les perspectives nouvelles et les
innovations (comme les accords de partenariat et le téléenseignement) aussi
bien que les questions classiques de renforcement des capacités, afin de
parer
à la multiplicité des besoins et d’atténuer les effets des migrations.
Le dilemme qui se pose aux planificateurs et aux décideurs en matière
d’éducation
dans les petites îles, c’est la nécessité de mieux adapter l’enseignement
aux conditions locales, tout en maintenant son excellence au plan régional
et
international. Dans beaucoup de petites îles, l’éducation et l’emploi
exigent une grande mobilité de la part de tous les acteurs.
Souvent l’enseignement y a été dispensé, pour diverses raisons, dans
les langues et les cultures de l’ancienne puissance coloniale. Il en est
malheureusement résulté une aliénation de certains grands secteurs de la
population, notamment des jeunes hommes de langue créole. Étant donné la
montée
des problèmes sociaux, il serait peut-être nécessaire de remettre en
question
la qualité de l’enseignement et de la formation qui pourront le mieux
préparer
ces sociétés à affronter l’avenir.
Les liens sont étroits, dans les sociétés de nombreuses petites îles,
entre l’éducation et le statut social. Il arrive que l’on accorde autant
d’importance aux résultats d’examens qu’à la nationalité, aux compétences
indispensables à la vie courante ou à l’employabilité. Pour atteindre le
développement
durable, l’éducation devrait peut-être s’ouvrir davantage et favoriser la
confiance et l’estime de soi chez les apprenants. Dans les sociétés
multilingues et multiculturelles ayant de solides traditions orales,
l’emploi
des langues maternelles dans l’enseignement est un instrument pour corriger
l’aliénation sociale et favoriser le développement de la culture. Il serait
possible, par exemple, de faire fusionner les modes d’apprentissage formel
et
informel afin de légitimer l’expression de la créativité qui est si
puissante dans beaucoup de petites îles.
De nombreux petits pays insulaires ont atteint ou sont près d’atteindre
le stade de l’enseignement primaire universel. Il reste la difficile tâche
d’améliorer la qualité de l’enseignement primaire et l’accès à
l’enseignement secondaire et professionnel. Le plus souvent les moyens et
les
compétences de la recherche sont réduits, notamment en matière
pédagogique.
Dans certaines îles il peut être indispensable de renverser les tendances actuelles – qui produisent parfois des personnes ayant des compétences limitées et des aspirations démesurées et favorisent les jeunes d’un sexe au détriment de l’autre – si l’on améliore et on réoriente les programmes scolaires, les filières de placement sur le marché du travail et les programmes de tutorat et d’orientation professionnelle.
Boursiers des petites
îles Le programme des bourses
de l’UNESCO cherche à renforcer les ressources humaines et les capacités
nationales, dans des domaines correspondant aux objectifs stratégiques et
aux
priorités de l’Organisation. Ce programme consiste à attribuer et à
administrer des bourses, des subventions d’étude et de déplacement. Il
intéresse
une large gamme de domaines techniques, comme le montre l’échantillon des
subventions récemment accordées à des boursiers de petites nations
insulaires.
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Promouvoir
l’accès à l’éducation de base
L’UNESCO s’est fixé pour priorité absolue, sur l’ensemble de son programme, la promotion de l’accès à l’éducation de base en atteignant, d’ici 2015, ce que l’on appelle les six objectifs de Dakar concernant l’Éducation pour tous (EPT). Dans les régions de PEID, l’un des enjeux critiques recensés dans les rapports de l’EPT est de lutter contre l’abandon prématuré de l’éducation de base, notamment chez les garçons et les hommes. La mise au point des Plans d’action nationaux pour l’EPT a retenu toute l’attention des pays, en 2002–2003. L’une des grandes tâches qui attendent aujourd’hui l’UNESCO, ses instituts internationaux d’éducation et ses autres partenaires consiste à mobiliser les ressources humaines et financières afin d’aider les États membres dans leurs efforts pour tenir les engagements envers l’EPT et pour remédier aux inégalités d’accès à l’éducation, notamment celles qui ont trait aux besoins spéciaux, à la pauvreté, à la langue, au statut des minorités, au sexe. Une autre tâche consiste à faire partager aux petites nations insulaires les expériences novatrices régionales et internationales, notamment les stratégies de réalisation de l’EPT.
L’éducation pour tous.
Les six objectifs de Dakar*
* Adoptés par le Forum mondial sur l’éducation, Dakar, Sénégal, avril 2000. |
Évaluation de
l’Éducation
pour tous – à l’échelle mondiale Évaluation
de l’EPT 2000.
Évalue l’éducation de base, de la manière la plus approfondie jamais
effectuée, et décrit son état dans plus de 180 pays en mesurant les progrès
réalisés pendant les années 1990, depuis la Conférence mondiale sur
l’Éducation
pour tous. Rapport
mondial de suivi sur l’EPT 2002.
Le monde est-il sur la bonne voie ? (2003). Établit dans quelle mesure les
pays
remplissent leurs engagements à garantir un niveau d’enseignement de base à
tous les enfants, les jeunes et les adultes, avant 2015. Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003/4. Différences entre les sexes et Éducation pour tous. Le saut vers l’égalité (2003). Fait le point sur l’état d’avancement des pays dans leurs efforts pour réaliser l’égalité des sexes dans et par l’éducation. Met en lumière les pratiques novatrices et exemplaires et suggère un ordre de priorité pour les stratégies nationales. |
Éducation pour tous –
Caraïbes Plusieurs évaluations ont été effectuées, notamment dans certains PEID
et régions composées d’îles, en particulier dans le cadre de l’Évaluation
2000 de l’EPT. En voici quelques exemples : Antigua & Barbuda. Centrée
sur les changements qualitatifs et quantitatifs de l’éducation depuis 1981,
année de l’indépendance. Bahamas. Centrée sur les soins et le développement de la
petite enfance, l’enseignement primaire et les résultats obtenus par les
élèves. St Kitts et Nevis. Exemples
de contribution du secteur commercial aux services d’éducation de base
dispensés par l’État, sous forme de don de téléviseurs et d’ordinateurs,
de connexion gratuite à l’Internet, de camps d’entraînement pour jeunes
footballeurs, de bourses pour des écoliers et des collégiens. Trinité et Tobago. Étude
longitudinale de 2 125 élèves du secondaire, dans 64 ensembles de classes
(pris
dans chaque type d’établissement et circonscription scolaire), à qui on a
demandé s’ils aimaient ou non aller à l’école et pourquoi, quelles
activités en salle de classe suscitaient leur intérêt, lesquelles
déclenchaient
le sentiment d’être « mal assurés » et comment ils réagissaient
dans chaque cas. Plan d’action de l’EPT pour les Caraïbes. Évaluation par le Groupe consultatif et technique régional (RTAG) pour l’EPT, dans la perspective de la Conférence mondiale de Dakar sur l’éducation en 2000. L’évaluation de l’EPT se fondait sur deux rapports sous-régionaux et 14 études thématiques ou de cas ayant permis de déterminer les besoins de la sous-région en matière d’éducation de base, ce qui a donné lieu au « Plan d’action d’Éducation pour tous 2000–2015 » des Caraïbes, jalonné d’objectifs et de cibles pour 2002, 2008, 2015. |
Points critiques dans
l’enseignement primaire aux Caraïbes*
* Tiré des rapports d’Évaluation 2000 de l’EPT pour les Caraïbes |
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Éducation pour tous –
Pacifique Toutes les petites nations insulaires du Pacifique ont des Plans d’action nationaux bien établis pour l’EPT. Elles ont aussi des forums actifs qui en débattent. Les Coordonnateurs nationaux de l’EPT se réunissent deux fois par an pour échanger des idées et des points de vue sur les progrès réalisés dans leurs pays. Les objectifs de l’EPT vont être révisés par l’Initiative régionale du Pacifique pour le développement de l’éducation (PRIDE). Financée par l’Union européenne, PRIDE accordera de petites bourses d’étude à des activités d’éducation de base. Le bureau de l’UNESCO à Apia s’intéresse de très près à l’évolution de l’éducation dans le Pacifique. |
Améliorer
la qualité de l’éducation
Un concours international sur les |
Pour contribuer à améliorer la qualité de l’enseignement (à
tous les niveaux et dans ses aspects formel et informel), il faut renforcer
la
capacité des pays à planifier, gérer et réformer leurs systèmes éducatifs.
S’appuyant sur une monographie antérieure concernant les stratégies
éducatives
proposées aux petits États insulaires, des ateliers de formation organisés
récemment
aux Caraïbes par l’IIPE traitaient, entre autres sujets, de la réforme des
services d’inspection des écoles, de l’élaboration d’indicateurs pour
planifier l’éducation de base, du financement et des allocations à
l’éducation,
et des liaisons université-industrie.
L’enseignement et la formation technique et professionnelle font l’objet
d’une attention accrue de la part de nombreux petits pays insulaires, en
raison des difficultés auxquelles se heurtent beaucoup de jeunes pour
trouver
un emploi en quittant l’école. L’une des initiatives prises récemment est
celle de l’UNESCO en collaboration avec le Commonwealth
of Learning pour susciter l’esprit d’entreprise chez les personnes qui
pratiquent l’économie informelle. Dans le Pacifique, on peut citer un
programme de formation sur le thème « Tout savoir sur la petite
entreprise », un forum régional sur l’amélioration de la qualité de
l’enseignement et de la formation techniques et professionnelles ou encore
le
soutien apporté à l’Association
du Pacifique pour l’enseignement et la formation techniques et
professionnelles. À Bahrein, un Centre
national d’excellence en éducation et formation techniques et
professionnelles est en voie de création ; il servira de centre
d’information pour une large gamme d’activités (commerce, techniques,
orientation professionnelle, conseil).
Janvier 2005 verra le lancement de la Décennie
des Nations unies pour l’éducation en vue du développement durable
(DEDD)
dont l’UNESCO (agence responsable) travaille actuellement avec des
partenaires
et des collaborateurs à affiner le projet de plan de mise en œuvre. Dans la
collection des Dossiers d’information publiée au début de 2004, l’un
d’eux est consacré aux Petits États insulaires en développement.
Les écoles et autres établissements d’enseignement des petites îles
jouent un rôle important dans les divers réseaux éducatifs de l’UNESCO. Le
Réseau du projet des Écoles associées en est un exemple. Créé en 1953, il
regroupe aujourd’hui plus de 7 500 établissements de 172 pays et développe
des initiatives phares sur des sujets tels que les plages des Caraïbes (voir p.
40), la traite transatlantique des esclaves (p.
15), et la mise à l’épreuve d’un Guide du patrimoine mondial à
l’usage des jeunes.
Dans l’enseignement supérieur, le programme des chaires UNITWIN/UNESCO est un moyen exemplaire de renforcer les capacités en assurant le transfert du savoir et les échanges dans un esprit de solidarité avec et entre les partenaires de pays en développement. Depuis le lancement du programme, en 1992, quelque 500 chaires UNESCO et réseaux inter-universités ont été établis dans plus de 110 pays. Ils couvrent tout le savoir entrant dans les domaines de compétence de l’UNESCO, comme l’indique la dénomination des 13 chaires établies jusqu’ici dans sept PEID : environnement et développement durable (Bahrein), technologies de l’éducation (la Barbade), biomatériels (Cuba), paix, droits de l’homme et démocratie (République dominicaine), formation des enseignants et culture (Fidji), enseignement supérieur (Maurice) et liberté d’expression (Papouasie Nouvelle-Guinée).
Jumelage des universités
dans la région Asie-Pacifique et pratiques éclairées dans les régions
côtières Promouvoir la notion d’accords multipartites comme instrument pour
prévenir
et résoudre les conflits d’utilisation des ressources, tel était l’objet
du premier
atelier régional du réseau de jumelage des universités d’Asie et du
Pacifique, tenu à Khuraburi (Thaïlande) en novembre 2002. Une expérience
utile s’est dégagée des études de cas relatives à une série
de projets de terrain, soutenus par la Plate-forme
de l’UNESCO pour l’environnement et le développement dans les régions
côtières
et les petites îles (CSI). Parmi eux, ceux de la baie
de Djakarta et des îles Seribu (Indonésie), des villages
urbains de Motu Koita près de Port Moresby (Papouasie Nouvelle-Guinée),
de
la baie
d’Ulugan, à Palawan (Philippines) et des îles Upolu (Samoa) et Surin
(Thaïlande). S’appuyer sur un corpus substantiel de recherches sur les questions et
les
enjeux critiques et analyser en profondeur les groupes d’intérêt, le
contexte socioculturel, les menaces et les conflits imminents, telles sont
les
étapes obligées du processus qui devrait, dans le meilleur des cas, aboutir
à
alimenter un forum fructueux pour la communication et la prise de décision
multipartites. Il arrive parfois, comme dans le projet de terrain de Samoa,
que
des mécanismes locaux remontant à une longue tradition culturelle lui
assurent
une solide fondation. Mais le plus souvent il faut beaucoup de temps pour
intéresser
toutes les parties prenantes à se faire représenter. Les négociations entre les groupes d’intérêt sont souvent délicates, et l’obtention du consensus est une opération laborieuse. L’expérience tirée des études de cas indique qu’un accord multipartite se doit d’être ouvert et susceptible d’évoluer avec le temps. Des canaux de communication accueillants et une bonne capacité de dialogue sont indispensables à leur réussite. |
Ériger
les sociétés nouvelles du savoir
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Ce qui intéresse tout spécialement les petites
îles
c’est l’expérimentation et les pratiques novatrices dans l’application
des technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que les
technologies du télé enseignement pour l’avènement des nouvelles sociétés
du savoir. Les TIC apparaissent comme une nécessité mais aussi comme une
chance car elles permettent d’élargir le champ de l’apprentissage en
rompant avec les contraintes habituelles de l’espace et du temps et les
frontières
entre différents systèmes éducatifs.
Les activités nouvelles sont, par exemple, le lancement du projet des universités des Caraïbes pour l’éducation intégrée à distance (CUPIDE) destiné à fournir à cinq universités de l’espace caribéen – parmi lesquelles l’University of the West Indies – des technologies améliorées de TIC et de téléenseignement. Un soutien est également apporté à des projets de renforcement des capacités nationales faisant appel à ces deux médias au Cap-Vert, à Maurice, Sâo Tomé et Principe et autres petites nations insulaires. Les établissements d’enseignement supérieur de Chypre et de Malte participent, quant à eux, au campus virtuel Avicenne pour la promotion de l’étude ouverte assistée par les TIC en région méditerranéenne. Et dans le Pacifique, le développement constant des pratiques de communication en matière de sciences – qu’il passe par l’éducation formelle ou le débat public et les médias – est assisté par des ateliers, des stages de formation, des échanges électroniques et la mise en place de sites Web, en partenariat avec le bureau de l’UNESCO à Apia et le Centre de sensibilisation du public aux sciences, de l’Université nationale australienne.
Les TIC dans l’éducation
: quelques questions
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© Rod Lamberts/ANU |
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Atelier à l’intention des professeurs de sciences à Samoa, axé sur l’utilisation de matériel déjà disponible pour initier les élèves aux principes scientifiques de base. C’est l’une des activités du programme de communication scientifique de l’UNESCO à Apia, en collaboration avec le Centre de sensibilisation aux sciences de l’Université nationale australienne, et avec des établissements éducatifs et scientifiques des pays insulaires du Pacifique. |