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3,2,1…Re|Pensez les politiques culturelles en Afrique !

Le 21 Mars 2018, s’est tenu au Musée Théodore Monod d’Art africain le lancement du Rapport mondial 2018 de l’UNESCO "Re|Penser les politiques culturelles"  qui a réuni près de 200 personnes dont de nombreux représentants de diverses institutions culturelles et publiques. Organisé en coopération avec le ministère de la Culture et l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), l’évènement s’inscrivait dans le cadre d’une série de Séminaires proposé par l’IFAN sur les politiques culturelles au Sénégal.

Aujourd’hui, les industries culturelles pèsent 2 250 milliards de dollars et emploient 30 millions de personnes dans le monde. Mais cette nouvelle économie créative favorise-t-elle une plus grande diversité de biens et services culturels ?  C’est pour répondre à cette question que  le nouveau rapport mondial "Re|Penser les politiques culturelles" analyse et évalue les politiques de soutien à la créativité dans le monde à travers la mise en œuvre de la Convention de 2005 de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Lamine Sarr, Directeur du Cabinet du Ministre de la Culture, Abdoulaye Touré, Directeur de l’IFAN ainsi qu’Aliou Ly, Secrétaire général de la Commission nationale sénégalaise auprès de l’UNESCO, ont ouvert l’évènement. 

« Le Rapport mondial nous rappelle que la créativité contemporaine est au cœur du développement durable des sociétés. Favoriser le pluralisme et démocratiser les pratiques culturelles, notamment pour les femmes ; investir dans le numérique ; soutenir les droits économiques et sociaux des artistes, notamment le droit d’auteur ; impliquer les acteurs culturels et la société civile : nous avons là nos priorités pour les années à venir », a souligné Lamine Sarr.

Mme Danielle Cliche, Secrétaire de la Convention de 2005, a ensuite présenté les principales conclusions et recommandations du Rapport : « Ce rapport est une feuille de route, notamment pour aider à la mise en place de systèmes de gouvernance de la culture durables, transparents participatifs.  Nous devons continuer à inspirer à travers le monde des politiques et mesures culturelles soucieuses de liberté, d’accès et d’ouverture », a-t-elle déclaré.

Politiques culturelles à l'ère des plateformes numériques

Un premier panel de discussion, modéré par Moutapha Diop, administrateur général de Musik Bi, premier site de téléchargement légal de musique en Afrique, a été l’occasion pour celui-ci de souligner d’emblée les difficultés du secteur:

« Rémunération et répartition équitables des revenus tirés du numériques entre diffuseurs et créateurs sont les premiers défis. Les coûts imposés par les opérateurs télécoms restent trop élevés, et les artistes ne s’y retrouvent pas. Comme cela est recommandé par le Rapport mondial, il faut également veiller à mettre les ressources numériques à la portée de chacun ».

Esi Atiase, artiste visuelle et vidéaste et Marion Louisgrand Sylla, directrice du centre de création numérique Kër Thiossane à Dakar, ont mis l’accent sur l’émergence de nouvelles plateformes collaboratives, permettant la mise en réseau de nouveaux publics, tout en appelant à des mécanismes de financements et de soutien durables.

« L’environnement numérique est en constante évolution », a conclu Octavio Kulesz, l’un des contributeurs du Rapport. « Il faut que la puissance publique intervienne à trois niveaux, indissociables, pour faciliter l'accès aux consommateurs, la créativité des acteurs, et l’émergence de marchés viables ».

Politiques culturelles et égalité des genres

Alors que les femmes représentent la moitié des personnes travaillant dans les industries culturelles et créatives, il existe un écart persistant entre les hommes et les femmes, à travers le monde, en termes d'inégalité de rémunération, d'accès au financement et de représentation aux postes décisionnels. Par exemple, l’industrie musicale en Afrique de l’Ouest reste marquée par d’importantes disparités liées au genre. Les femmes comptent pour moins de 30 % des employés dans la plupart des professions de ce secteur. Parmi celles qui ont un emploi, 90 % sont costumières ou coiffeuses, des postes traditionnellement considérés comme « féminins ».

Un deuxième panel, modéré par Hawa Ba, directrice pour le Sénégal de la fondation open Society Initiative for West Africa (OSIWA), avec la participation de Daniel Gomes (Président de l’Association des Métiers de la Musique au Sénégal, AMS), Fatou Kounde, artiste visuelle et réalisatrice, et Anthony Krause (Chef de l’Unité politiques et recherche, UNESCO), a dressé un bilan des politiques menées en faveur de l’égalité des genres.

 « La culture de la créativité commence par l'éducation », a souligné Fatou Kande. « Mais ce sont aussi des parcours de vie, des itinéraires professionnels.  Il faut montrer que les femmes réussissent aussi dans les métiers de la culture, peuvent gérer leurs carrières et devenir pleinement indépendantes financièrement ».

Daniel Gomes a rappelé que les artistes femmes au Sénégal pouvaient aujourd’hui se tourner vers de nouvelles filières professionnelles, autrefois fermées. « Au-delà des compétences, il reste encore parfois des obstacles. Il faut repenser les critères d’évaluation et d’éligibilité aux mécanismes de financement », a-t-il suggéré.