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L'humanisme chez Thomas Mann

Archives code : AG 1-IICI-A-10-10Collection des archives de l'UNESCO

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Dès 1931, le Comité permanent des Lettres et des Arts lance deux dispositifs pour le dialogue entre intellectuels, parmi eux les Entretiens. Ils insistent sur le rôle de la culture dans le rapprochement des peuples et l'établissement d'un humanisme et de valeurs universelles.

En juin 1936, c'est en Hongrie qu'un entretien est organisé. L'initiative en revient notamment à Jozsef Balogh, éminent latiniste et futur traducteur des Confessions d'Augustin (publiée en 1943). L'Entretien de Budapest réunit 28 personalités intellectuelles et traduit les tensions de l'Europe des années 1930. Le thème des communications a été fixé par l'Institut de Coopération et porte sur le rôle des humanités dans la formation de l'homme moderne. Il fallait d'abord définir l'humanisme, en comprendre les manifestations dans le monde, mises en perspective avec la culture scientifique et technique, et enfin dessiner les contours d'un hypothétique humanisme moderne.

Parmi les intervenants se trouve Thomas Mann, figure incontournable de la littérature européenne et prix nobel de littérature en 1929. Il entre au Comité permanent des Lettres et des Arts de la Société des Nations en 1931 et participe aux correspondances et aux entretiens organisés et publiés par l'Institut. Dès cette époque, Thomas Mann déplore et condamne les débordements de l’irrationnel auxquels la population allemande semble se montrer sensible. Il accuse les nazis de prôner un « nationalisme radical » qui affiche un « culte de la nature radicalement hostile à l’humanité ». En 1933, il quitte définitivement l'Allemagne. En 1936, l'écrivain est déchu de sa nationalité allemande.

Son intervention à Budapest est alors perçue comme la confession de foi d'un homme aux prises avec les difficultés de son époque. Partant du principe que les humanités font partie intégrante de notre univers de pensée, il se demande s'il est toujours utile d'avoir recours au patrimoine originel et répond positivement, notamment concernant l'étude de la langue latine. Il démontre que la civilisation romaine est la seule à être réellement universelle. Il s'oppose vigoureusement à l'opposition science/culture. Il voit dans la génération à venir une curiosité portant sur l'homme et son sort. Il prédit enfin l'avênement d'un nouvel humanisme riche du sentiment du secret de l'homme et de la dignité humaine.

Malgré sa beauté, l'intervention du romancier est reçue avec quelques réserves. "L'auteur des Confessions d'un apolitique offrait vraiment un aspect tragique dans cette réunion internationale où il représentait la race nordique du germanisme pur (...) Son allocution fut accueillie, même par ceux qui ne l'avait pas comprise par un silence respectueux : chacun sentait qu'il faisait une profession de foi et quand il énonça qu'il parlait au nom de l'Allemagne appartenant au Christianisme et à la civilisation latino-méditerranéenne, les membres du Comité d'organisation ne pouvait cacher leur embarras en pensant aux journaux qui allaient donner un échos à ces paroles si peu diplomatiques" (Zolnai, NRH, p. 456).

Un an plus tard, Thomas Mann écrit l'Avertissement à l'Europe dans lequel il affirme que si l'Europe renonce à son humanisme "alors il périrait et avec lui l'Europe dont le nom ne serait plus qu'une expression purement géographique et historique. Et il ne nous resterait plus qu'à chercher dès maintenant un refuge hors du temps et de l'espace".

 

Sarah Rigaudeau, assistante de projet


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